souvenirs malheureux

- couloir de l hopital, une famille vient chercher un certificat de décès... de leur enfant. Ma fille est au bloc. J assiste à cette scène. ils repartent. La mère pleure. Tous les 3 s'arrêtent. son mari la prend dans ses bras et leur fils serre sa mère par la taille et se blottit contre elle. je n avais vu jamais une telle tristesse mélèe à un si bel amour.

- ascenseur de l hopital, un petit de 5/6 ans pleure à chaudes larmes. Il veut sa maman. Il n'a pas de cheveux, il est malade. Il pleure, il hurle. Pour connaitre si bien ce monde, je me doute qu il est tombé dans un service à bout et qu'il a du subir la mauvaise humeur d un soignant qui n a plus sa place auprès des enfants. la personne qui l'accompagne (une tante ? une grande soeur ?) semble choquée aussi. je me souviens de ses bras croisés sur une pochette pleine de papiers, et elle lui dit "c'est fini mon petit chat, c'est fini...".

- Douce enfant allongée sur son lit au funérarium. Un gachis pour la vie de perdre un tel être déjà si merveilleux.

- Enterrement d'un petit adorable. Quand son cercueil est mis sous terre. Je lis sur le visage de sa mère exactement ce que je viens d ecrire au dessus : quel gachis, en serrant la peluche préférée de son fils. C'est une image qui m'a énormement marqué.

- un papa qui ne sourit plus, picore à table pour garder un peu de forme. Je ne l'ai pas senti comme d'habitude. Sa petite est en train de mourir. J ai compris quand j'ai vu sa femme parler avec une infirmière. Sa fille, la veille, était à table et racontait des bêtises. Une enfant très très drole.

- ce monsieur qui lit tout le temps, toujours un livre a la main, quelque soit l heure. Ce monsieur qui ne semble pas avoir de maison et qui dort peut etre dans le hall de l hopital quand il n est pas dans une chambre pour soigner son cancer. Toujours un bonjour, un sourire. J'aurai bien aimé le connaitre dans d'autres circonstances. Echanger avec lui.

- ce soignant mal luné qui a demandé à un petit d'arrêter de jouer du piano car il cassait les oreilles à tous les patients. Quelques mois plus tard, il n etait plus sur terre ce petit être adorable. Qu y a t il de compliqué à laisser un enfant jouer au piano et à partager sa fierté de réussir à faire une gamme ? J etais scotchée....

- la question la plus horrible qu on ait pu me poser : est ce que ta fille sait qu elle peut mourir ?

- Cet interne en neurochir, à coté de plaque, à coté de l humain, d'une maladresse inouie..... Se prenant pour un dieu, dédaigneux de l'enfant allongée et endormie sous ses yeux, et de sa mère (moi !) épuisée. Un vrai débile qui ne mérite pas d'être là où il est.

J en ai des tonnes et des tonnes....

Comment trouver ma place avec ceci dans mon esprit ?