suite 1ere chimio

Je rebondis sur mon précedent post.

La 1ere cure de chimio de ma fille a été fracassante pour moi.

Réaliser que des enfants meurent dans cet hopital, au moment où je suis dans la chambre de ma fille, ce fut terriblement choquant. Je me souviens encore de ma naiveté quand on m' a dit "la petite est partie". Moi, nouvelle arrivée, je ne comprenais pas encore le langiage des parents d'enfant malade. Partir, dans ce cas précis, me faisait dire que que la petite était rentrée chez elle.

Quel choc quand j'ai découvert qu'elle était décédée dans la chambre juste en face.

J'ai alors tout compris.

Les larmes de l'interme en sortant de sa chambre...

Les parents toujours là.. mon ex coinjoint ou moi arrivions tot le matin, ils étaient deja là.  Avec une seule expression sur le visage, la lassitude. Le soir, quand on partait à 22h, ils étaient toujours là. Expression identique.

Ils attendaient... Ils attendaient que leur fille rende son dernier souffle.... J'ai toujours autant de peine quand je repense à ces moments.

Tout est absolument intacte dans ma mémoire, y compris leurs visages.

J'ai aussi compris que certains parents "expérimentés" ne souhaitaient pas parler aux autres parents."L'expérience" leur avait appris que cela faisait si mal de voir "partir" un enfant à qui on s'était attaché.

Lors de cette premiere cure, j'ai appris les codes : ce qu'il faut faire, ne pas faire, ce qu'il faut dire et pas dire. Parfois, l'ambiance dans les couloirs ou dans la chambre étaient vraiment bizarres, et j'avais aussi beaucoup de mal à comprendre l'attitude de certains parents.

En fait, chacun se protégeait comme il pouvait. Nos enfants pouvaient mourir. Nous n'étions pas là pour une appendicite ou une infection urinaire (meme si on peut mourir de tout, le mot "cancer" est la maladie number one synonyme de mort... ou pas loin..), et nous avions tous des angoisses identiques, il était inutile d'échanger sur le sujet.

J'ai également appris à connaitre le personnel.

Beaucoup de femmes et peu d'hommes = incroyablement dévouées dans leut travail, qui vous mettent à l'aise, qui rient, vous font rire, malgré la gravité. Inoubliables personnes.

--- Il n'y a pas de hasard. une nouvelle collègue est arrivée au bureau. On discute, je lui demande le prénom de ses enfants. L'un d'eux portent le prénom d'une petite partie à l'aube de ses 3 ans : Mana. 

Mana, 2 ans et demi, à qui je pense à chaque rentrée scolaire. Elle ne fera jamais sa rentrée en petite section.

Et ce jour là, des tas de parents pleurent parce que leurs enfants grandissent trpop vite. Ca me fend tellement le coeur :(