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condensé
29 août 2023

1ere chimio

J'avais tellement peur d'aller dans cet hopital. J'étais tétanisée. Qu'allais je voir ? Des enfants sans cheveux, qui vomissent, pleurent ? 

C'est avec une énorme appréhension que je suis arrivée dans le service, ne communiquant pas mon angoisse avec le père de ma fille.

Je n'avais aucune idée si elle allait dormir là bas ou pas, alors j'avais préparé sa valise au cas où.  Avec quelques affaires pour moi si je pouvais rester.

L'inconnu...

Je me souviens de la salle d'attente, des enfants comme je les imaginais jouaient dans une salle d'activités, d'autres étaient avec leur parents à patienter. Cet enfant m'a marqué, sans cheveux, et déguisé en capitaine crochet, avec le cache oeil. J'avais trouvé ça rigolo.

Je me souviens du rendez-vous oncologue, de son dessin pour nous expliquer le protocole que j'ai regardé 1000 fois ensuite, des 12 mois de traitement annoncés qui furent un choc, des larmes du père de ma fille quand celle ci a dit qu elle ne voulait pas perdre ses cheveux.  Je faisais bonne figure, j'étais déjà dans ce processus après tout ce que nous avions vécu depuis l'annonce de la maladie il y a 3 semaines. Le choc avait été si violent que j'ai vécu les étapes classiques du déni, acceptation, résignation etc... J'étais dans un déni total, je refusais de penser que ma fille pouvait mourir et j'étais loin d imaginer que dans les couloirs de cet hopital, des enfants rendaient leur dernier souffle...

J'avais peur d'aller dans la chambre. Mais j'ai affronté cet état.

S'y trouvait une adorable petite fille de 3 ans, ma fille allait rester une semaine sous surveillance pour cette premiere chimio, avec cette petite fille. Un lien très fort allait les unir et c'est avec beaucoup de tristesse que j'évoque son souvenir. 

Je me demandais comment cela allait se passer, la petite était sous chimio, j'allais la voir vomir à longueur de journée ? Légende urbaine ! On ne laisse pas les enfants ainsi, on leur donne de puissants anti-vomitifs. On n'attend pas de les voir dégueuler pour les soulager, on previent ! Ca, c'est top.

Dans ma méconnaissance, je ne savais pas encore tout ça, et quand les premieres gouttes de chimios sont arrivés dans son sang, j'appréhendais.

Ce n'est que la nuit où elle a vomi. La seule fois pour cette premiere cure qui aura duré une semaine.

Au 2eme jour de sa cure, une petite est décédée en face de sa chambre. Cela m'a beaucoup choqué. J'ai gardé ceci pour moi. Je ne voulais pas le partager avec le père de ma fille, à quoi bon ? Des années plus tard, nous en avons parlé, et il le savait aussi, mais ne m'avait rien dit pour la meme raison.

3 semaines plus tard, mon enfant n'avait plus de cheveux. Nous les avions coupé 2 fois pour qu'elle s'habitue, car elle les avait très long. Je me souviens de l'infirmère qui passait à la maison qui m'avait dit que je devrai lui raser, car ce n'était pas joli ces petites mèches orphelines. Phrase désatreuse qui me mettait face à une réalite dont je voulais tellement m'échapper, cette réalité qui me réveillait chaque nuit. Je me pinçais : c'est véridique, afin d'être sure que je ne vivais pas cet enfer dans un rêve cauchemardesque. C'était vrai. Nous avions basulé dans l'inconnu et demain faisait si peur...

 

Flash du jour avec les ressentis qui vont avec :(

 

 L'hopital où ma fille a été soignée. Moche de l'extérieur, beau de l'interieur. Rayonnant de personnes entières et bienveillantes.

images (3)

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